Quand l’agresseur mineur de la victime d’agression sexuelle est… une personne de sa famille
Il est commun, dans notre société, que l’on accorde de la sympathie à une victime d’agression sexuelle et de l’antipathie à un agresseur sexuel. Lorsqu’un parent apprend que son enfant est victime d’agression sexuelle, ce sentiment d’antipathie se concrétise. Mais qu’en est-il quand l’agresseur est aussi notre enfant? Qu’en est-il lorsque l’agresseur, notre enfant, est encore un enfant? Les intervenant(e)s de la Direction de la Protection de la Jeunesse (DPJ) sont fréquemment confrontés à cette réalité d’intervention où non seulement les parents sont déchirés, mais la victime de l’agresseur mineur l’est également.
Il est 16h15. Un père rentre à la maison après sa journée de travail habituelle. Il est surpris de voir sa conjointe déjà rentrée. Elle se trouve dans la cuisine accompagnée d’une inconnue qui se révélera être une intervenante de la DPJ. Pendant que celle-ci se présente, il remarque le visage défait de sa conjointe. Et soudain, le monde bascule… sa petite fille de 9 ans a été victime d’attouchements sexuels… par son garçon de 13 ans… Son fils doit quitter la maison. Plus tard, il constatera que sa fille est emmurée dans le silence.
Le dévoilement Le dévoilement d’une agression sexuelle est une épreuve en soi pour une victime. Non seulement l’agression sexuelle est reliée au tabou de la sexualité dans notre société, mais viole tout autant le corps de la victime que son intérieur. Révéler son intérieur devient très difficile, surtout si l’agresseur est une personne connue et aimée. L’agression sexuelle vécue par une victime s’accompagne de divers sentiments tels la peur, la tristesse, la colère, la honte, l’impuissance, la culpabilité, qui sont tous impliqués dans la décision ou non de la dévoiler. Les dévoilements peuvent être accidentels ou voulus. Notre expérience nous démontre que