Que penser de la jalousie
Selon René Girard, la jalousie représente un moment dans la dynamique du désir humain, durant lequel notre désir est emprunté à un modèle, qui désire ou possède l'objet avant nous et auquel nous aimerions correspondre afin de jouir de la possession à sa place. Le jaloux est convaincu que l'être jalousé le devance dans la possession de l'objet et lui en interdit l'accès. Le sujet jalousé étant supposé heureux, il nous incite à imiter son bonheur, ce qui ne peut être réalisé qu'en le supplantant : l'être jalousé représente alors l'idéal non conscient du sujet.
Henri Laborit, lui, propose une autre approche : issue de modèles qui, dès l'enfance, associent la privation à de la douleur, la jalousie matérialise ce besoin de posséder afin d'éviter tout risque de douleur. La jalousie, ainsi, se focalise sur un sujet que nous percevons comme inaccessible ou en passe de nous échapper, et donc susceptible de nous manquer.
La jalousie apparaît ainsi d'un côté comme une exigence fantasmée de l'esprit mais aussi, dans les deux cas, comme quelque chose de positif, à savoir l'inclination à atteindre un idéal représenté, que ce soit pour imiter autrui que l'on suppose heureux ou pour éviter la douleur. Or, nombre de religions et de courants de pensée combattent le sentiment de jalousie. Peut-être, alors, y a-t-il problème d'une jalousie "absolue" qui prend le pas sur notre raison. Peut-on contrôler la jalousie? Celle-ci affecte-elle notre