Que vaut la preuve contre le préjugé ?
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Que vaut la preuve contre le préjugé ?
« La raison du plus fort est toujours la meilleure » (La Fontaine, Le loup et l’agneau). Cette fable de Jean de La Fontaine pourrait servir d’allégorie pour le combat de la preuve contre le préjugé : l’agneau a beau apporter les preuves les plus irréfutables (il n’était pas né ; il n’a pas de frère ; …), le loup, avant même d’examiner ses preuves, a décidé (a pré-jugé) que l’agneau était coupable de troubler son breuvage, et le pseudo jugement est sans appel : il doit mourir. « Le loup l’emporte et puis le mange, sans autre forme de procès » : notons l’allusion juridique qui montre ici le manque d’efficacité de la preuve lorsque le préjugé emporte la conviction des jurés. Un préjugé est en effet un jugement précipité, une affirmation posée avant d’avoir procédé à un examen critique. Or l’exemple de la fable nous montre qu’il ne suffit pas de lui opposer un argument rationnel (« je n’étais pas né ») ou une preuve de fait (« je n’en ai point ») pour l’éliminer. La force démonstrative de la preuve semble parfois impuissante face au préjugé, alors même qu’elle semblerait la plu apte à le combattre, elle qui se définit comme un jugement réfléchi appuyé sur un raisonnement cohérent ou sur une vérification expérimentale. La preuve ne semble donc pas avoir toujours une réelle efficacité réelle sur le préjugé. Que vaut la preuve contre le préjugé ? La preuve, apportée par les scientifiques, que la notion de race humaine est un non sens, parvient-elle à détruire le préjugé savamment entretenu par les démagogues selon lequel certaines races seraient supérieures à d’autres ? Le sujet n’invite donc pas à une comparaison qui aplanirait les difficultés (dans certains domaines la preuve est supérieure, dans d’autres le préjugé perdure), mais bien plutôt à se demander si la preuve a réellement les moyens de lutter contre la force du préjugé, et quelle forme elle doit prendre