Mère et fils : le couple impossible
Extrait du livre : « N'y a-t-il pas d'amour heureux ? » de Guy CORNEAU
[...] Nous découvrirons que, contre toute attente, des fils élevés près de leur mère ne deviennent pas des hommes qui sont proches des femmes mais des hommes qui bien souvent ont peur des femmes. [...] Les propos de ce chapitre concernent particulièrement les fils qui ont vécu ou qui vivent avec leur mère une relation intense. Je parle peu des enfants qui n'ont pas eu la chance de connaître la présence d'une mère, ce qui est un sort encore moins enviable que d'en avoir "trop", si l'on peut parler ainsi. En conséquence, ceux qui, pour une raison quelconque -grande famille, rang dans la famille, foyer d'accueil -, ont peu de contacts avec leur mère pourront également se sentir moins concernés par mes propos. Par contre, en traitant de l'intimité entre une mère et son enfant, je n'ai pas uniquement à l'esprit la mère bienveillante et attentive. Je considère qu'il y a autant de phénomènes de fusion qui opèrent par exemple entre une mère alcoolique ou anxieuse et son enfant. Ainsi des chercheurs relatent que 30 à 40% des mères sont tellement inquiètes du développement de leur bébé qu'elles réagissent à son premier sourire en se disant intérieurement : "Mon Dieu, il ne sait pas ce qui m'attend !" Elles craignent déjà pour ce petit être et cette inquiétude va marquer la qualité d'intimité qu'ils auront entre eux. L'enfant d'une telle mère a de bonnes chances de boire de l'angoisse à même le lait maternel. Il faut dire aussi que les relations mère-enfant sont en profonde mutation. L'accès au travail des femmes change considérablement les données par rapport à l'intimité des mères avec leur progéniture. On pourrait même dire qu'aujourd'hui bien des enfants ne souffrent pas d'une fusion excessive avec la mère, ils ont même souvent trop manqué de cette nourriture affective essentielle pour sentir qu'ils sont bienvenus dans le monde. Etrangement pourtant, le nombre