Le corpus nous présente trois incipits de romans représentatifs de leur époque ; nous découvrons Gil Blas de Santillane écrit par Lesage en 1735 dans le premier texte, dans le second, L’Assommoir d’Emile Zola paru en 1877 et dans le troisième Le Ravissement de Lol V. Stein de Marguerite Duras publié en 1964. Chacun remplit pleinement sa fonction d’incipit en posant dans ces premières lignes les éléments habituels et nécessaires à l’entrée dans l’œuvre. Chaque auteur rend également compte d’un certain parti pris narratif en créant un effet d’attente qui lui est propre. Nous pouvons donc faire la connaissance de trois personnages, Gil Blas de Santillane qui se présente lui-même grâce au point de vue interne d’un narrateur à la 1ère personne, Gervaise qui est dévoilée par le point de vue omniscient d’un narrateur extérieur au récit et Lol V. Stein présentée par un narrateur personnage racontant à la 1ère personne. Chacun est placé dans un cadre spatial réaliste, l’Espagne avec « Oviédo »l.3 et
« Salamanque » l.26 chez Lesage, « Paris »l.38 chez Zola et une ville nommée S.Tahla l.1 chez Duras. Le cadre temporel est moins précis et le lecteur peut supposer qu’il est celui de l’époque de l’œuvre. Les points de départ des intrigues sont également donnés : un départ en voyage pour le jeune Gil Blas, prêt à découvrir le monde et laissant imaginer une suite d’aventures « je mourais d’envie de voir le pays » l.27 ; l’attente angoissée de Gervaise qui guette le retour de Lantier, montrant une situation de couple et de famille au bord de la rupture « Lantier n’était pas rentré » l.10 et une sorte d’enquête sur le personnage de Lol V. Stein, son caractère et sa vie. Aussi les documents répondent-ils bien aux fonctions informatives traditionnelles d’un incipit. Mais le rôle d’un début de roman est aussi de retenir l’attention du lecteur tout en témoignant d’une certaine conception quant à la manière de raconter une histoire. Lesage et Zola choisissent d’inscrire leur roman dans