Le surréalisme qui marque une rupture, dans sa forme, avec la poésie classique, garde tout de même de cette dernière si ce n'est là forme versifiée, du moins l'utilisation des images que les poètes cherchent à revivifier par leur travail sur la langue. En témoignent les deux poèmes de Robert Desnos, "Les espaces du sommeil" extrait du recueil A la mystérieuse publié en 1926 et "J'ai tant rêvé de toi" paru en 1930 dans Corps et biens. Ces poèmes se caractérisent par leur jeu de répétitions omniprésent. On peut donc se demander quelles sont les fonctions de ces répétitions. Outre le fait qu'elles mettent en avant des thèmes, elles font maître la musicalité et servent de procédés de persuasion pour toucher l'être aimé

Les répétitions font ressortir dans les poèmes des thèmes en mettant certains termes en relief. L'anaphore "Dans la nuit" , le polyptote de "rêve" du vers 27 au vers 36, dans le poème "Les espace du sommeil", et le leitmotiv " J'ai tant rêvé de toi" dans l'extrait du recueil Corps et biens font naître la thématique du rêve en créant un univers onirique dans lequel baigne le poète. Ces répétitions nourrissent donc également le surréalisme en permettant l'apparition de l'étrange dans les textes. Ainsi, l'abstraction du corps permise par l'état onirique est-elle illustré par l'anaphore de "ombre" aux vers 6, 11, 26 et 27 et le polyptote de "fantôme" dans le second poème.

Les répétitions font partie intégrante de la poésie à plusieurs niveaux, qu'il s'agisse d'allitération ou d'assonances dans les mots mêmes, d'anaphore ou de leitmotive dans la structure des textes. Elles mettent en place une atmosphère onirique, sont nécessaires à la musicalité des poèmes enrichissant ainsi le lyrisme et constituent également des procédés rhétoriques dans le discours amoureux du