Qui tue qui ? rachid mimouni et l'intégrisme
RACHID MIMOUNI
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Qui tue qui? Lecture de La Malédiction par Claudine Kelle
“Qui tue qui?” s’ interroge la scène médiatique lorsqu’ une violence paroxystique place le drame algérien au centre de l’ actualité et que l’ cherche à nommer des coupables on susceptibles de répondre de leurs actes devant le tribunal des droits de l’ homme. "Qui tue qui?” Pour répondre à cette question en des termes différents de ceux des articles de journaux ou des attendus du juge, il suffit de lire ou de relire La Malédiction de Rachid Mimouni, œ uvre tragique et douloureuse où l’ auteur propose ce qu’ pourrait appeler, s’ il il était encore présent, une étude clinique du mal.
Étude clinique, parce que c’ à travers la métaphore de l’ est hôpital et de la maladie, et en prêtant sa sensibilité lucide et souffrante au personnage du médecin, que l’ auteur, mi-prophète, mi-psychanalyste, dévoile le mal intérieur, en cherche les causes dans les obscurités de l’ être, comme pour prendre le contre-pied de la traditionnelle invocation de l’ ennemi extérieur, recours symptomatique du malade qui veut se mentir à lui-même, et forme la plus courante du mensonge d’ État. L’ hôpital est donc le lieu central de l’ action; lieu stratégique puisque les intégristes chercheront à l’ investir pour y imposer leur ordre, mais avant tout lieu métaphorique. On y naît et on y meurt; il concentre en lui les sanies de la société et, dans la mesure où la maladie y est omniprésente, il est donné à lire comme l’ image même de l’ Algérie, secouée par un mal sur lequel se penchent les médecins, Meziane et Kader, qui en discernent les causes, mettent toute leur compétence en œ uvre pour empêcher sa progression, mais sont néanmoins cruellement conscients de l’ ampleur de la
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ALGERIE LITTERATURE / ACTION
tâche et de la solitude à laquelle sont condamnés ceux qui, comme eux, refusent le mensonge et les compromis qu’ leur propose, qu’ viennent on ils du pouvoir ou des islamistes.