Qui a le droit de me dire tu dois?
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Les devoirs, entendus comme obligations, sont tout d'abord relatif à la situation de chacun. En effet, ils sont liés aux responsabilités qui nous échoient. De ce point de vue, est autorisé à me dire « tu dois » le supérieur hiérarchique. Mais ce tu dois est relatif, et ceci d'un double point de vue : relatif à ma fonction, tout d'abord. Or, ayant tous des fonctions différentes, les devoirs de l'un ne sont pas ceux de l'autre. De ce point de vue, ce peut être un devoir, et pas seulement une autorisation, de dire « tu dois » (on peut penser à l'éducateur). Mais, surtout, relatif à ma décision d'occuper cette fonction. Le « tu dois » est alors une obligation toute relative : « tu dois si...tu veux (garder ton poste, être payé etc.). De ce point de vue, je reste toujours la source de l'autorisation fondamentale de me dire « tu dois ». C'est donc toujours moi qui autorise qu'on me dise mes devoirs, liés à la fonction que j'occupe et que je souhaite conserver. Cependant, ce devoir conditionnel, qui peut renvoyer à la prudence, n'est pas un devoir moral ni civique. En effet, la loi morale s'impose à tous quelles que soient leurs conditions d'existence et leurs fonctions. De même, la loi politique s'impose au citoyen en tant que citoyen. Et nul ne peut, dans les faits, sortir de la cité, refuser sa dimension politique. Dès lors, s'il existe un devoir qui me dépasse entièrement, inconditionnel, qui ou quoi le fonde ? Et, dans la mesure où le devoir ne peut me contraindre, n'est pas toujours moi qui autorise ? Le problème est alors celui du statut du devoir : il doit en dernier ressort se fonder sur une subjectivité, s'il est un devoir et non un contrainte externe. Mais alors, comment peut-il s'imposer à tous