Qui a le droit à la propriété ?
Dans une entreprise, les ouvriers travaillent collectivement alors forcément ils produisent plus que s'ils travaillaient chacun individuellement. Il n'est pas vrai en effet qu'un individu puisse faire en dix heures le même travail que dix individus en une heure. La force collective dans le travail social produit bien plus que la force individuelle. Cent hommes peuvent déplacer une pierre de plusieurs tonnes que jamais un individu seul ne pourra faire bouger même en cent fois plus de temps « La création [..] est le résultat d'une force collective. »
Pourtant le capitaliste rétribue chacun de ses ouvriers individuellement et donc « vole » ce surplus de valeur. La propriété privée est l'appropriation par un individu d'un travail en commun est donc un vol. La propriété crée l'inégalité et interdit à l'ouvrier la sécurité de posséder. Elle met en péril la cohésion sociale car, alors que les capitalistes accumulent les profits – ici le médecin - , les ouvriers s'appauvrissent de plus en plus – ici le cultivateur. Dépossédés des richesses qu'ils ont eux-mêmes produits, les ouvriers cherchent à les récupérer par la violence et les capitalistes utilisent la force… pour empêcher d'agir les voleurs ! Car tel est le paradoxe : alors que la propriété résulte d'un vol, elle prétend s'opposer à lui.
Cependant la propriété est en même temps la liberté au sens où elle est un rempart contre l'État. C'est en ce sens, du reste, que Proudhon s'oppose à Marx. L'appropriation collective des moyens de production préconisée par ce dernier ne résout rien aux yeux de Proudhon. Elle ne fait que transférer la propriété à l'État mais, en changeant de mains, la