« Quoi qu’il en soit je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d’aimable » cette phrase de dom juan fait-elle du libertin un personnage manipulateur ou sensible ?
Au XVIIIème siècle le sens du mot libertin évolue : il ne désigne plus uniquement des personnages qui revendiquent un esprit libre et refusent comme Dom Juan les croyances imposées par la religion ; mais un comportement général qui recherche le plaisir des sens. Le libertin est désormais celui qui comme Casanova multiplies les relations amoureuses en affichant sa soif de conquête. On retrouve cette atmosphère également dans Les Liaisons Dangereuses de Laclos.
Dans sa tirade de l’inconstance Dom Juan déclare « quoi qu’il en soit je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d’aimable ». En nous appuyant sur cette citation et sur l’ensemble des textes de la séquence nous nous demanderons si le libertin est un personnage manipulateur ou sensible ?
Pour ce faire nous nous intéresserons dans un premier temps à la sensibilité des libertins puis nous étudierons leur plaisir à la manipulation.
Tout d’abord, on peut considérer le libertin comme un être doté d’une grande sensibilité, en effet dans la citation Don Juan dit ne pas pouvoir « refuser son cœur » il s’agit donc d’amour qu’il donne, le cœur étant considéré comme le siège de l’amour. Accusé par Sganarelle il se présente comme une victime de l’amour : « toutes les belles ont droit de me charmer » « la beauté me ravit » et tente de se disculper et de se justifier face à son valet (on retrouve aussi cette humanité chez Valmont dans les Liaisons Dangereuses). Dom Juan illustre parfaitement le libertin, il n’est pas un révolté, pour lui c’est la sensualité qui prédomine ; il est un amateur de belles choses et montre sa faiblesse face au beau. Le libertin a certes, besoin de conquérir plusieurs femmes, parfois simultanément, mais cela pourrait cacher un besoin perpétuel de se sentir aimé, désiré ; et s’il se lasse très