Introduction

Aujourd’hui, on assimile souvent le fait d’être socialiste à être marxiste ou communiste, pourtant, Le Manifeste du Parti Communiste, œuvre centrale de tout le socialisme marxiste, n’est publié qu’en 1848. Dès lors, poser la question d’être socialiste avant 1848 c’est se demander s’il est possible d’être socialiste en dehors de toutes considérations marxistes, en dehors de ce socialisme dit scientifique que développent Marx et Engels et qui marque toute la seconde moitié du XIXème siècle. Il faut se pencher alors sur ce qui constitue le socialiste d’avant 1848, sur ce qui caractérise ce socialiste qui est à cette époque majoritairement français, anglais ou allemand, et donc de comprendre ce qui différencie ce socialiste qui n’est pas dit scientifique mais utopique. En effet, être socialiste avant 1848 a un sens, mais cette incarnation du socialiste n’est pas constante puisque l’on peut distinguer deux moments : d’abord être socialiste c’est être un grand utopiste, c’est pour Durkheim un « socialisme tout orienté vers le futur, un plan de reconstruction des sociétés actuelles » mais c’est aussi être un socialiste de 1830 à 1848 qui cherche à s’imposer sur la scène politique que ce soit par une voie réformiste ou révolutionnaire.

I. Être socialiste c’est avant tout être un grand utopiste

a. Être socialiste c’est porter des idées originales

Être socialiste c’est d’abord une manière nouvelle d’envisager les rapports entre les hommes, suite aux transformations profondes issues de la Révolution française. Ces changements ont contribué à faire perdre de sa lisibilité à la société, permettant le développement d’une réflexion centrée sur le social. L’expérience monarchique qui s’ouvre à partir de 1815 donne l’occasion aux socialistes d’exprimer leur volonté de fonder une nouvelle société, d’imaginer une organisation durable pour le pays. Afin de mettre en œuvre cette structure de demain, l’un des moyens privilégié est l’utopie, qui s’incarne dans