Rabelais littérature
Commentaire composé
d’un passage du chapitre XXXII du Pantagruel de Rabelais : « Ce pendent, je, qui vous fais ces tant véritables contes […] parce qu’ilz demourent en la gorge de mon maistre Pantagruel ».
Le XVIème siècle, époque de Rabelais, est marqué par l’euphorie de la Renaissance : les découvertes découlant des voyages de grands navigateurs comme Vasco de Gama et Christophe Colomb ouvrent de nouvelles perspectives et augmentent la confiance dans la nature humaine, confiance dont sera fortement imprégnée la littérature de ce temps et où l’on voit naître les premières conceptions humanistes. Dans la situation du passage proposé de l’avant avant dernier chapitre de Pantagruel, Rabelais semble rapprocher sa loupe du spécimen qu’est l’être humain, son objet d’étude favori : en effet, alors que Pantagruel vient de libérer Utopie (le royaume de son père) de l’emprise du roi Anarche et qu’il décide d’aller envahir le pays de ce dernier, son armée est surprise par une averse dont le bon Pantagruel, encore grandit par l’auteur, voudra la protégé en l’abritant sous sa langue. Le narrateur, voulant y trouver refuge et n’y apercevant plus de place, a l’idée de se mettre au contraire dans sa bouche, lieu de nouvelles découvertes. Ainsi, tout le chapitre se focalise sur « ce que l’auteur veit dedans sa bouche » ce qui laisse présager une lecture sous le signe de la découverte. Nous verrons ainsi si ce passage parodiant manifestement les récits de voyages du Moyen-Age, ne relèverait pas davantage d’un partage d’une expérience humaniste où l’auteur montrerait toute l’importance de l’esthétique du rire carnavalesque.
Au XVIème siècle, où écrire consistait souvent en une réécriture, telle la mimésis d’Aristote (cf. La poétique), il n’est pas étonnant de retrouver dans ce texte une parodie des récits de voyages du Moyen-Age en vogue à l’époque. De cette façon, le personnage qui voyage est bien l’auteur et narrateur Alcofribas Nasier