Phèdre de Racine, Dissertation

« Parole dans le cœur n'a pas d'ennemi » dit un vieil adage. Qui en effet pourrait vous en vouloir de vos mauvaises pensées, si vous les gardez secrètes dans votre cœur ? Pour se garder de la rancœur et de l’animosité de ses pairs, il suffit de taire les pensées néfastes et de jouer le jeu en apparence. Pourtant, il est difficile de cacher longtemps ses sentiments, bons ou mauvais, et de paraître encore extérieurement enjoué. Souvent, la parole jaillit sans le vouloir, et c'est alors que les ennuis surviennent. « Qu'est-ce donc qui fait la parole si terrible ? C'est d'abord qu'elle est un acte, le mot est puissant. Mais c'est surtout qu'elle est irréversible : nulle parole ne peut se reprendre. (…) Et si l'on a commencé à parler par un égarement involontaire, il ne sert à rien de se reprendre, il faut aller jusqu'au bout. » Cette citation, tirée d'un livre de Roland Barthes, se rapporte plus spécifiquement à Phèdre, une tragédie écrite en 1677 par le grand dramaturge Racine. Cette pièce montre particulièrement bien les différents dangers que causent les mots.
Phèdre met en jeu une héroïne du même nom, épouse de Thésée, roi antique d'Athènes. Cette femme est dévorée par l'amour illégitime qu'elle porte à son beau-fils, Hippolyte. Lorsque Thésée est déclaré mort, elle ose alors déclarer sa flamme à Hippolyte. Celui-ci est malheureusement épris d'une autre, bien que cet amour soit lui aussi illégal. En effet, la jeune Aricie, malgré son sang noble, est gardée comme esclave dans la maison royale. Le retour inopiné de Thésée, survivant contre toute attente à son périple, vient ajouter à la pièce toute sa tonalité tragique.

La parole est un acte terrible. La parole peut en effet tout dire, des mots d'amour aux malédictions. Elle peut en un mot construire un avenir aux milles facettes magiques, ou détruire une vie sans même prévenir. La parole, une fois libérée de sa cage, ne peut plus s'arrêter. Cette parole ouragan est ce qui bien