En décrivant Bérénice, tragédie de 1670, Racine s'est inspiré de l'histoire romaine : l'empereur Titus est amoureux de Bérénice, princesse de Palestine. Le peuple romain refuse leur union, car elle est étrangère. Ce sujet est propice à la rédaction d'une tragédie puisque Titus est confronté à un cruel dilemme ; pourtant l'empereur préfère renoncer à Bérénice plutôt qu'au pouvoir. Dans la scène 5 de l'acte 5, Bérénice s’apprête à partir. Titus revient sur sa décision. La princesse s'obstine à quitter Rome. L'amour des deux personnages est soumis à des événements politiques qui les dépasse. On peut s'interroger alors sur la dimension tragique de cette scène d'adieu.

Nous devinons ici qu'il s'agit d'une scène d’affrontement mettant en scène deux personnages hors du commun, mais également une scène d'amour tragique.

Racine met en scène un affrontement tragique, dans lequel s’expriment l'amertume et la colère de Bérénice malgré les justifications de Titus.

Bérénice est un personnage de haut rang qui ressent l'abandon de Titus comme un affront. Aussi se laisse-t-elle aller à l'amertume et à la colère. Elle se montre vindicative à travers des phrases non verbales exclamatives telles que «ingrat », « Ah cruel ! », « Hélas ! » qui traduisent sa colère.

Elle montre également son exaspération par la répétition du verbe « retourner » et son indignation grâce à des phrases non verbales interrogatives comme « Quoi?». Bérénice affirme également son autorité en dirigeant le dialogue : en effet elle n’hésite pas à interrompre Titus. Elle est amère envers Titus ce qui contribue à la tension tragique de la scène.

Dans sa première réplique, Titus ordonne à Bérénice de « demeurez » : cette réplique peut être lu comme un ordre ou comme une supplication. Mais la virulence des propos de son amante suscite chez lui la surprise et l'indignation comme le montre les phrases exclamatives présentes dans ses répliques « Moi, que je vous haïsse ! ». L'empereur tente alors de