Rafle du vel d'hiv
Ce texte est un discours prononcé par Jacques Chirac le 16 juillet 1995. Le nouveau Président de la République, élu deux mois auparavant, tient ici une allocution absolument fondamentale. Il y reconnait la responsabilité directe de l’Etat français de Vichy et de ses agents quant à la déportation des Juifs lors de la Seconde Guerre mondiale.
Jacques Chirac est un homme politique depuis déjà plusieurs décennies, il a occupé plusieurs postes de compétence comme député, Maire de Paris, ministre de l’Agriculture ou de l’Intérieur, et Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing puis de cohabitation sous François Mitterrand. Il a été candidat malheureux aux élections présidentielles en 1974, 1981 et 1988, et finalement vainqueur en 1995. Il a fondé en 1976 le Rassemblement pour la République (RPR), parti de droite de gouvernement qui revendique l’héritage du général de Gaulle et de la Résistance.
Ce discours a un impact important et immédiat. Il rompt avec l’approche gaulliste de l’après Guerre et suivie successivement par les autres Présidents de la République. En effet, le général de Gaulle, dans un souci de préserver l’unité nationale et d’éviter une épuration sanglante des collaborationnistes pouvant potentiellement déboucher sur une guerre civile, considère que la République n’avait jamais cessé d’exister en sa personne et que le régime de Vichy n’avait été qu’une parenthèse illégale, donc irresponsable. Un an exactement avant ce discours, le Président Mitterrand s’était rendu sur la plaque commémorative du Vel d’hiv pour rendre hommage aux victimes sans toutefois reconnaitre la responsabilité de l’Etat français.
L’allocution de Jacques Chirac marque un revirement clair et fort face cette approche. Prononcé le jour du cinquante-troisième anniversaire de la rafle du Vélodrome d’hiver, le nouveau Président de la République reconnait et décrit publiquement la responsabilité de l’Etat