La tolérance
Le clan des loups

••• Le livre de la jungle, Rudyard Kipling, traduit par Louis Fabulet et René d’Humières
Quand Mowgli, encore tout petit, fut sauvé des griffes du tigre Shere
Khan, et recueilli par une famille de loups, il a fallu selon la loi de la jungle, qu’il soit présenté au clan pour être accepté. Mère et père Loup, soutenus par Baloo et Bagheera, ont dû convaincre les autres loups d’accueillir le petit d’homme, malgré sa fragilité et sa différence. ère Loup attendit jusqu’à ce que ses petits pussent un peu courir, et alors, la nuit de l’assemblée, il les emmena avec
Mowgli et Mère Louve au Rocher du Conseil – un sommet de colline couvert de pierres et de galets, où pouvaient s’isoler une centaine de loups. Akela, le grand loup gris solitaire, que sa vigueur et sa inesse avaient mis à la tête du Clan, était étendu de toute sa longueur sur sa pierre ; un peu plus bas que lui se tenaient assis plus de quarante loups de toutes tailles et de toutes robes, depuis les vétérans, couleur de blaireau, qui pouvaient, à eux seuls, se tirer d’affaire avec un daim, jusqu’aux jeunes loups noirs de trois ans, qui s’en croyaient capables. Le Solitaire était à leur tête depuis un an maintenant. Au temps de sa jeunesse, il était tombé deux fois dans un piège à loups, et une autre fois on l’avait assommé et laissé pour mort ; aussi connaissait-il les us et coutumes des hommes.

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On causait fort peu sur la roche. Les petits se culbutaient l’un l’autre au centre du cercle où siégeaient leurs mères et leurs pères, et, de temps en temps, un loup plus âgé se dirigeait tranquillement vers un petit, le regardait avec attention, et regagnait sa place à pas silencieux. Parfois une mère poussait son petit en plein clair de lune pour être sûre qu’il n’avait point passé inaperçu. Akela, de son côté, criait :
— Vous connaissez la Loi, vous connaissez la Loi. Regardez bien, ô loups !