EXPRESSION FRANÇAISE BTS 2002 Texte : Le « Businessman » Nous l’avons vu arriver, avec ses petites moustaches et sa face ronde, pressé, pressant, péremptoire, sautant d’un avion à l’autre, d’une capitale à l’autre, jonglant avec les dividendes et les bilans, absorbant les chaînes d’hôtels et les restaurants, accumulant les milliards. A moins de 40 ans il est en train de bâtir un « empire » à l’américaine. Un empire, pour quoi faire ? Fichtre ! Il n’en sait rien ! Il n’a pas le temps d’y penser. Il est bien trop occupé à absorber, acheter, additionner etc. Il n’a pas une minute à lui. Quand on « fait de l’argent », forcément on n’a plus le temps de faire autre chose. Il n’a donc le temps de s’intéresser à rien : ni à la politique, ni au temps qui passe, ni à la souffrance des hommes, ni à la condition féminine, ni aux espèces en voie de disparition. Pour lui, tout se résume à cette activité vers quoi toute sa volonté est forcément tendue : absorber toujours plus les chaînes d’hôtels ; doubler, tous les ans, son chiffre d’affaires. Il existe ainsi des insectes programmés pour une fonction déterminée - fourmis ou termites - qui, dès qu’ils ouvrent l’œil, se mettent au travail et déploient une activité inlassable et aveugle pour accomplir une tâche dont la finalité leur échappe. Ils maçonnent, creusent, combattent, pondent, transportent des charges énormes, sans savoir, au juste, pourquoi. Le termite s’active furieusement dès l’aube, et jusqu’à tard dans la nuit, sans connaître le but de tant d’activités si ce n’est cette notion tout à fait aberrante de l’augmentation, en quelque sorte mécanique, de son volume d’affaires. Mais au bout de cette dilatation perpétuelle, la même terrible petite question arrive : « pour quoi faire ? » Qu’est – ce, au juste, que le «businessman » ? c’est un aboutissement et un produit, l’homme qui n’a pas le temps, parce que le temps c’est de l’argent ; l’homme saisi par les affaires, incarne dans une sorte de perfection, le résultat de