Rebelle sur ordonnance : l’amérique intoxiquée

2852 mots 12 pages
Eminem, l’un des artistes les plus surprenants de l’Amérique d’aujourd’hui, a sorti il y quelques mois son nouvel album, « Relapse » (la rechute), dont la jaquette révèle le propos : des centaines de pilules du bonheur multicolores (Ambien, Valium, Seroquel, Xanax, Lunesta, Percodan, Vicodin…) dessinent son visage. Elles rappellent certes les sucreries ludiques « M&M’s », à l’origine du nom du rappeur [1], mais leur séduction et leur apparence anodine sont un leurre, celui qu’Eminem raconte. Ces textes sont en effet la relation de sa longue traversée d’un outre-monde narcotique, débuté à la mort violente de son meilleur ami. Après des années de toxicomanie chronique mais relativement contrôlée, Eminem sombre en effet en 2006 dans les profondeurs de l’ailleurs clinique, la mescaline de l’Américain moderne : une ordonnance d’anxiolytiques toujours plus longue, une malédiction prescrite au nom du refus de la douleur et détournée par le patient au nom du refus de sa propre vie dans le monde tel qu’il est. Le rappeur torturé s’inscrit donc, semble-t-il, dans l’univers volontiers décadent du rock and roll, dans lequel des artistes maudits ne peuvent vivre et créer qu’en transe chimique et dont l’esprit est toujours vivace outre-Atlantique.

Ainsi, alors que l’on fête l’année 69, contestataire par essence, Woodstock est érigé en lieu de mémoire, métonymie idéalisée d’une décennie, mais on oublie qu’à son issue, trois de ses hérauts, Jimmy Hendrix, Janis Joplin et Jim Morrison sont à quelques semaines d’intervalle, morts d’overdose [2]. Deux ans plus tôt, le titre prophétique de Lou Reed “Heroin” devenait l’hymne ambigu de ceux pour qui la drogue est « la mort » mais aussi « la femme et la vie ». Cette consommation psychédélique d’une jeunesse majoritairement blanche n’est pas de même nature que la toxicomanie qui, fruit de la misère et de la violence sociale ravage depuis des décennies les populations les plus fragiles, la communauté noire en premier lieu et dont

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