Referendum
Rousseau dans L’Emile (1762) écrit : « Les hommes ne sont point faits pour être entassés en fourmilières mais épars sur la terre qu’ils doivent cultiver. Plus ils se rassemblent, plus ils se corrompent. Les infirmités du corps, ainsi que les vices de l’âme, sont l’infaillible effet de ce concours trop nombreux. L’homme est de tous les animaux celui qui peut le moins vivre en troupeau. Des hommes entassés comme des moutons périraient tous en très peu de temps. L’haleine de l’homme est mortelle à ses semblables : cela n’est pas moins vrai au propre qu’au figuré… Les villes sont le gouffre de l’espèce humaine. Au bout de quelques générations, les races périssent ou dégénèrent; il faut les renouveler, et c’est toujours la campagne qui fournit ce renouvellement ». Mis à part l’humour dont Rousseau fait preuve dans cet extrait, Rousseau semble avoir pressenti la théorie mis à point au début du XX par Emile Vandervelde, l‘exode rural. En effet, bien qu’il ne partage pas cette vision idyllique et bucolique de la campagne, Emile Vandervelde démontre le constat final de Rousseau, à savoir que la ville est toujours alimentée en hommes par la campagne. Sa démonstration repose sur le postulat que la ville exercerait une attraction irrépressible sur les campagnards par sa supériorité économique et culturelle. L’ambition de cette théorie est de comprendre la prépondérance des ruraux dans les migrants à destination des grandes villes comme Paris, ville-monstre du XIX siècle au même titre que Londres. Cette théorie est d’une postérité assez exceptionnelle car rarement remise en cause. La question de savoir s’il s’agit d’un mythe, c’est-à-dire une représentation traditionnelle, simpliste et souvent fausse mais largement partagée (dictionnaire Hachette), ou d’une réalité qui revient à se poser la question de savoir si l’exode relève plus d’une interprétation mauvaise voire abusive de statistiques ou d’un événement qui