La relation maître/valet

Un peu d'histoire :

Entre le XVIIe et le XVIIIe le serviteur, d'origine populaire, est presque toujours un migrant sans qualification, venu de la campagne proche pour tenter sa chance à la ville. Une fois placé, il est immergé dans l'univers des privilégiés de la naissance et de l'argent. Il manifeste alors un véritable désir d'identification. Il adopte les manières de son maître, copie ses vices et ses tics. Il suit l'évolution de la mode et s'adonne à de nouvelles consommations. Mais il adopte aussi des conduites de transgression en commettant de petits larcins ou en dilapidant ses gages au cabaret ou dans les maisons de jeu.
Au XVIII, les domestiques représentent entre 7% et 11% de la population urbaine. Paris (une des plus grandes villes d'Europe), compte 40 000 domestiques pour 600 000 habitants en 1780. Le serviteur n'hésite donc pas à quitter un maître vindicatif pour chercher une place plus enviable.
Dans les maisons bourgeoises et nobiliaires la spécialisation des tâches est très poussée. Chacun a un rôle bien défini : la fille de cuisine balaie, lave les plats, nettoie la vaisselle ; la femme de chambre peigne, coiffe et « ajuste sa dame », elle accorde le soin nécessaire à la lingerie, aux vêtements, aux parures ; le valet de chambre fait le lit, s'occupe de l'antichambre, prépare les tables, les cartes et les dés lors des soirées de jeu, il garde la porte de la maîtresse de maison lorsque la dame se lève ou se couche afin d'éviter les importuns. Le nombre des domestiques varie en fonction de la fortune et de la condition des maîtres. Les membres de la haute noblesse d'épée et de robe, les magistrats comptent de quinze à vingt serviteurs. Les élites de la Province se contentent d'une dizaine de serviteurs en moyenne. Les membres des professions libérales, les intellectuels, la bourgeoisie d'affaire et les marchands se contentent de un à trois domestiques. Au XVIIIe, se multiplient les serviteurs de parade ou de « montre