Le « retour » de la morale sur la scène philosophique a vu renaître la question du relativisme, escortée des soupçons ou des accusations qui en font généralement partie. Le pragmatisme, qui en a plusieurs fois fait les frais au cours de son histoire, est presque inévitablement au nombre des cibles vers lesquelles ils se portent, tant il passe aisément pour une forme délibérée d’adieu à la raison, dont l’inévitable défaut est de s’illustrer dans l’égalité autant que l’indifférence des choix et des valeurs. Jusqu’à quel point un tel relativisme existe-t-il ?N’avons-nous pas affaire à l’une de ces fictions, à l’un de ces personnages de paille dont la philosophie produit parfois l’image pour les besoins de ses démonstrations ?Qui a jamais réellement dit que tout se valait ? En dehors de la philosophie, dans la réalité, pour la plupart des hommes et dans des conditions normales, c’est-à-dire ordinaires, rien ne vaut les choix qui ont leur préférence, et si cette attitude ne parvient pas à combler l’amour que le philosophe porte naturellement à l’universel, du moins se démarque-t-elle de l’égalisation qui caractérise le relativisme tel qu’on a coutume de se le représenter. Aussi, sur des questions comme celles-là, n’est-il jamais inutile de distinguer le « relativisme », dans la version que les philosophes en donnent ou en ont donnée, des formes sous lesquelles il est susceptible de se présenter et des situations ou des motifs qui peuvent lui être favorables dans des conditions particulières au regard desquelles les formes classiques du débat ne sont pas forcément d’un réel secours
Relativisme et pluralisme: les sources d’un malentendu Ce type de distinction s’impose d’autant plus que l’accusation de « relativisme » qui pèse sur le pragmatisme fait à bien des égards partie des querelles dans lesquelles on a tendance à s’enfermer, en campant sur des positions définies par avance, pour ne pas dire une fois pour toutes. À en juger par les constantes propres à