Religion
La plupart des grandes religions s’inscrivent dans ce courant « socratique » de vision du bonheur absolu, parfait et accessible par une certaine ascèse et l’exercice du savoir et de la connaissance. Cependant, spirituelles qu’elles sont, elles intègrent une nuance importante : la connaissance est essentiellement comprise comme connaissance de Dieu. Ainsi, au « connais-toi toi-même » de Socrate, les religions répondent « connais ton Dieu »[1].
Les bouddhistes, socratiques avant Socrate, ont également cette conception du bonheur. De ce que l’on sait (ou l’on suppose) de Gautama Bouddha, il fut un homme qui, lassé d’une vie de débauche et de jouissances, quitta tout pour vivre une vie d’errance et d’ascèse stricte. Parvenu au bonheur parfait après son « Eveil », il découvrit que l’on pouvait vivre débarrassé des souffrances, en menant une vie tournée vers la méditation. Bien qu’il existe différentes écoles, le bouddhisme s’inscrit donc pleinement dans le stoïcisme le plus radical[2] : le Bonheur parfait et absolu (le nirvāna) n’est accessible qu’aux Sages parmi les sages, à ceux qui auront su se détacher de toute passion, se libérer de tout attachement et atteint l’Eveil grâce à l’annihilation de soi-même et de son désir, à travers la méditation.
Car pour les bouddhistes, désirs, passions et attachements ne peuvent conduire qu’à une fuite en avant stérile et infinie (nous sommes soumis à la « tyrannie de la volonté », qui nous pousse à faire ou dire des choses que nous regrettons ensuite), qui n’apporte pas le bonheur. Dans l’islam et le judaïsme, le bonheur absolu est également possible. Ces religions se détachent cependant de la vision socratique du bonheur dans ce qu’elles font intervenir la grâce. Le