Religion
PLAN :
1. Les témoignages sur l'accompagnement dans les steppes, d'Hérodote aux Turco-Mongols 2. Les quatre catégories d'accompagnants et l'idée de servir 3. De la différence radicale entre sacrifice et accompagnement 4. Comment la question des animaux confirme les idées précédentes 5. Les raisons de l'accompagnement 6. Conclusion et discussion (1) : l'interprétation des textes 7. Conclusion et discussion (2) : comment le problème se pose en archéologie ?
Pour commencer, nous rappellerons brièvement ce que nous entendons par "morts d'accompagnement" : ce sont des hommes et des femmes que l'on tue à l'occasion du décès d'un personnage. Cette notion implique une asymétrie fondamentale entre : d'une part, le sujet (ou le mort) principal ; d'autre part, les morts qui accompagnent et qui sont tués intentionnellement parce que le premier est mort (quelle qu'en soit la raison). Cette appellation de "mort d'accompagnement" est une bonne appellation parce qu'elle est suffisamment neutre. Elle est purement descriptive du phénomène. Le label de "sacrifice" par lequel la quasi-totalité des historiens des religions, des ethnologues et, à leur suite, des préhistoriens décrivent ce phénomène constitue au contraire une interprétation. Nous allons montrer que cette interprétation est - sauf en de très rares circonstances - erronée, et même qu'elle véhicule un très grave contresens sur la signification de l'accompagnement. Pour faire cette démonstration, nous avons choisi de présenter quelques données sur ce thème relativement aux steppes eurasiatiques, de l'Ukraine à la Mongolie. Nous utiliserons des témoignages historiques ou ethnographiques. Il y a plusieurs raisons à ce choix 2 : de tous les témoignages ethnographiques ou historiques sur le phénomène de l'accompagnement,
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Texte écrit d'une conférence prononcée à Toulouse le 15 mars 2002. Les données et arguments sont