Remords posthume
Baudelaire est le poète incontournable des années lycée en France. Probablement parce qu’il est au croisement des mouvements (entre romantisme et symbolisme), des tendances (entre spleen et idéal) et qu’il renouvelle les formes anciennes (le sonnet) ou exotiques (le pantoum) tout en proposant une nouvelle définition de la poésie avec son travail sur le poème en prose.
« Remords posthume » est l’un de ses sonnets les plus connus : pourquoi ce sonnet qui se présente comme une énième variation à partir du cliché du « carpe diem » est-il de toutes les anthologies ?
Nous montrerons comment Baudelaire à partir du topos surexploité du carpe diem réussit à évoquer la mort de façon originale et marquante.
Pour cela, nous étudierons d’abord l’originalité en pleine poésie, du mélange discours/récit qui doit marquer, réveiller le lecteur ; puis la force des contraste, la mort apparaissant ici à la fois belle et noble d’une part, hideuse et inéluctable d’autre part ; enfin l’on verra comment le poète rend ici compte de ce que la mort signifie pour lui : l’éternité et l’universalité.
En proposant dans un poème, un mélange discours-récit, Baudelaire rend son « Remords posthume » forcément original.
Bien que nous ne soyons pas ici dans le genre romanesque, Baudelaire bâtit ici un récit.
On retrouve fréquemment, et en ouverture de vers, des marqueurs de temps : « quand »,
« lorsque » ; de plus le poème prend des allures apocalyptiques avec la narration au futur, rare et originale dans un récit : « Lorsque tu dormiras… tu n’auras… ».
Ce qui accroche également le lecteur, c’est la forme dialoguée. Certes, Ronsard et Musset eux aussi dialoguent avec des muses mais ici l’originalité vient du fait que le poète propose non pas un mais deux niveaux de communication de sorte que nous sommes les témoins de deux dialogues enchâssés : l’un entre le poète et la muse, l’autre entre le