René martel
Le train filait cahin-caha. De temps à autre le mécanicien lançait un coup de sifflet. Dans le compartiment dans lequel était installé le Sergent pilote Martel; peu de civils. Des militaires, des fantassins essentiellement au regard anxieux et un curé aussi qui lisait "Paris Soir". Le jeune pilote s'efforçait de rester concentré sur son ouvrage, "Manuel de vol - Hawk 75". Juste 5 heures de pratique sur ce nouveau chasseur, c'était un peu court pour aller au combat, mais avait-il le choix? L'heure était grave, la France en péril. On avait plus le temps de peaufiner le détail, il fallait y aller. Après un rapide passage chez lui en Gironde il avait pris la route vers le Nord de la France où l'attendait le GCI/5 escadrille a laquelle il avait été affectée.
Parti depuis Angoulême, le train l'avait emmené au travers de la France par Poitiers, Orléans, Troyes, Chaumont et enfin St-Dizier. Un voyage de presque 24 heures, dans la fumée des Boyard et la transpiration des malheureux soldats d'infanterie. Empêtrés dans leur harnachement, ils s'installaient tant bien que mal dans le couloir, les compartiments étant en général réservés aux sous-officiers ou aux officiers.
Par la grande fenêtre, le paysage bucolique de la Haute-Marnes défilait au rythme des cahots sur la voie. Mais où était donc la guerre?
- St-Dizier.. 5 minutes... terminus, tout le monde descend!
Lorsque le train s'arrêta enfin dans un grincement de freins, la guerre apparu enfin au Sergent Martel. Visiblement la Luftwaffe, avait déjà fait un passage dans le secteur. Wagons éventrés, rails arrachés ainsi que qu'une partie de la gare de marchandises portaient encore les stigmates d'un raid récent. Sur le quai des officiers tentaient tant bien que mal de réunir leurs soldats courant dans tous les sens. Le jeune pilote français, resta quelques instants dubitatif devant ce spectacle. Finalement, après avoir tenté de vainement trouver le chef