Resumé
1992. Estonie. Le pays est à nouveau indépendant. Les Russes rentrent chez eux. Le gouvernement parle de rendre aux paysans les terres collectivisées, et de faire revenir les déportés de Sibérie. En même temps, l’heure des comptes a sonné : gare à ceux qui ont sympathisé avec l’occupant ! Ils sont ostracisés par la population, comme l’ont été, avant eux, les collaborateurs de l’armée allemande. Résistant au sein du mouvement des Frères de la Forêt, Hans Pekk n’a rien à craindre, lui. Il devrait pouvoir sortir enfin pour de bon de la cachette que lui a ménagée sa belle-sœur, Aliide Truu, dans la maison familiale près de Tallinn, dès 1949. Mais celle-ci est devenue son tombeau.
Qu’a-t-il exactement compris avant de mourir, ce bel homme honnête et courageux, à la déportation à Vladivostok, sur les lointains rivages de la mer du Japon, de sa femme très aimée, Ingel, et de sa fille de sept ans, Linda? Quand a-t-il commencé à percevoir la jalousie et la méchanceté derrière le dévouement d’Aliide ? Toujours est-il que ce jour de l’année 1951, où il a fait part à Aliide de son intention de partir à la recherche d’Ingel et de Linda, il a signé sa condamnation à mort. Incapable de renoncer à lui, au bonheur imaginaire qu’elle s’est construit en sa compagnie, ne pouvant permettre que son mari, Martin Truu, un communiste notoire, apprenne qu’elle a caché son beau-frère, Aliide ne trouve d’autre solution que de l’emmurer. Oui, beaucoup de choses, pour son malheur, ont échappé à Hans. Le reste, il l’a noté, avec ses espoirs et ses craintes, dans un cahier dont Aliide ignore l’existence.
Ce cahier, la jeune Zara le découvre quarante et un an plus tard. Zara ? Une loque humaine terrorisée que la vieille Aliide a trouvé deux jours plus tôt dans la cour de sa maison.