Retable de brera
D'un point de vue plus technique, nous remarquons que de par les positions frontales des différents sujets, entre autre, Sainte Marie située au centre de la tempera – le point de fuite étant placé sur son visage –, et de par la vision d'une architecture centrée sur elle-même; nous comprenons dès lors que le parti pris de Piero della Francesca se caractérise par la volonté d'une composition symétrique et stable, nous offrant, par conséquent, une vision géométrique et un point de vue unique de la scène. Cette démarche est représentative des intérêts et des recherches du Quattrocento, notamment à travers l'étude de la perspective mathématique à point de vue unique, dite linéaire, que le peintre théorisa à travers deux traités. Notons de même cette sensibilité flamande dénotée par le rendu remarquablement réaliste et minutieux des divers détails et objets sous l'effet de la lumière.
Au demeurant, le traitement lumineux magnifie les masses colorées et l'espace architectural. Cette touche typiquement florentine composée des tons de rose-blanc-gris participe à la clarté et à l'harmonie de l'oeuvre. L'effet de réalité étant accentué par les ombres propres et portées, créant le modelé jusqu'à la perfection des formes, mais aussi de par la disposition en demi-cercle des personnages; stratégie adoptée quelque temps plus tôt par le grand Masaccio – citons le Paiement du Tribut – que della Francesca a ostensiblement admiré. Du reste, les jeux de regard dynamisent un tant soit peu cette scène présentée par Saint Jean-Baptiste, qui en personnage admoniteur, ainsi que d'autres, nous pointe du doigt l'action principale représentée.
L'autre aspect qui ne peut nous échapper