Rhino
Dans l’acte II, les gens commencent à se transformer en rhinocéros. C’est ici que l’on constate les premières oppositions, les prises de position claires et nettes, et les justifications des divers personnages. En effet, suite à la transformation de M. Bœuf, Mme Bœuf prétend qu’elle « ne peut pas le laisser ainsi » et adhère au mouvement. Botard qui d’abord prétendait que c’était « une machine infernale » finit par céder, tout comme Jean, personnage cultivé et littéraire s’il en est, qui clot sa transformation – à laquelle on assiste, et on saluera ici la mise en scène des plus délicates à réaliser – par la phrase suivante : « L’humanisme est périmé. Vous êtes un vieux sentimental ridicule », en s’adressant à son ami Béranger.
A l’acte III, tout le monde est transformé hormis Béranger, symbole de résistance. Les derniers protagonistes à céder sont Dudard qui minimise et relativise le phénomène, prétendant qu’il se doit de suivre ses camarades et ses chefs. Daisy, l’amie de Béranger, refuse de sauver le monde, et part finalement rejoindre le troupeau. Béranger est ainsi le dernier homme à ne pas être contaminé et il le dit d’ailleurs dans sa dernière phrase, clôturant ainsi la pièce : « Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu’au bout ! Je ne capitule pas ! »
L’interprétation de cette pièce reste large. La première idée qui vient à l’esprit est la réaction des populations face à un régime totalitaire, d’où le choix d’un rhinocéros qui suit bêtement le groupe. D’autre part, on peut y voir la dénonciation par l’auteur du comportement des Français au début de l’Occupation. Enfin, au moment où il écrit cette pièce, Ceausescu est au pouvoir en Roumanie ; c’est également un regard sur ce qui se déroule dans son