Lecture Analytique (linéaire) de
« Voyelles » d’Arthur Rimbaud

Introduction :
A peu près contemporaine de ce sonnet est une lettre au poète Paul Demény dans laquelle Rimbaud écrit:
“je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant.
Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens.”
Et il continue plus loin en disant que pour transmettre ce qu’il voit, le poète doit trouver une langue particulière: “Cette langue sera de l’âme pour l’âme, résumant tout, parfums, sons, couleurs, de la pensée accrochant la pensée et tirant.”Parler aussi de l’influence du poème “Correspondances” de Baudelaire.

En écrivant le sonnet “Voyelles”, Rimbaud s’est peut-être souvenu d’un alphabet en couleur sur lequel il avait appris à lire; mais il a plus vraisemblablement tenté d’établir un système de correspondances entre les sons et les couleurs, donnant libre cours à son imagination hardie et nous invitant à le suivre sur la voie mystérieuse des synesthésies.

Ce sonnet de vers alexandrins respecte la disposition classique des rimes sauf qu’on trouve dans les quatrains ABBA, BAAB.

Je ferai de ce sonnet une étude linéaire en essayant de mettre en évidence les principales correspondances.

Etude linéaire :

Les deux premiers vers présentent le projet du poète.
Le poète s’adresse aux voyelles (interpellation “voyelles”; “je” ; “vos”), les personnifiant par le biais du discours. Cette personnification ainsi que l’ampleur du ton, (remarquer le rythme ternaire du vers deux qui suit le rythme binaire du vers un) est un signe de l’importance que Rimbaud leur accorde.
Son projet -“je dirai quelque jour vos naissances latentes”, c’est à dire cachées, mystérieuses, -n’est pour le moment qu’une ébauche. Remarquer le futur accentué par l’indéfini “quelque jour”. Rimbaud s’adresse donc aux voyelles et prévient son lecteur que ce qu’il va lire n’est pas entièrement satisfaisant.
Il annonce son “plan” dans le premier vers, énumérant les différentes