Le rire, s'il produit des effets bénéfiques sur l'individu, n'est pas toujours sans porter atteinte aux autres. Le corpus nous rappelle qu'en effet le rire contre autrui a une place importante dans les relations sociales. Olivier Mongin, dans l'essai De quoi rire? rappelle que le rire est d'autant plus fort qu'il est collectif. Le groupe est donc son milieu naturel : la classe, dans le roman de Gustave Flaubert, ou encore les réunions de famille analysés par Régis Tomàs. Ces deux derniers cas montrent que ce rire collectif est volontiers méchant, violent et excluant. Mais ce n'est pas toujours le cas : Coluche profitait de sa popularité pour souder les personnes différentes alors même qu'il est si facile d'opposer pour faire rire. Cela nous amène à réfléchir au rôle du groupe dans le rire : le rire produit dans ce cadre est-il constructif? Après avoir expliqué que le rire est un phénomène social, nous verrons que l'on peut s'interroger sur la nocivité du rire de groupe.

Le corpus nous montre que le rire est avant tout un phénomène social.

En effet, le rire est avant tout un phénomène de groupe. Olivier Mongin, dans son essai De quoi rire? publié en 2006, note que le rire est d'autant plus fort qu'il est corporellement, en quelque sorte, contagieux. D'ailleurs, il ajoute que ce rire collectif est difficile à contrôler. Dans l'article qu'il publie dans le mensuel Multitudes en 2007 intitulé "Le Plaisir de rire", Régis Tomàs rapporte une situation banale : un déjeuner en famille. Il montre que ce cadre collectif est décomplexé et propice au rire. Dans un autre domaine, l'école, Gustave Flaubert met en scène un groupe qui rit d'autant plus fort qu'il est nombreux. Il s'agit des élèves qui accueillent Charles au début du roman Madame Bovary publié en 1857. D'une façon pas si éloignée, Coluche est lui aussi encouragé par le groupe qui rit de ses turpitudes, c'est-à-dire par son public, comme l'explique aussi Olivier Mongin dans une interview accordée à Dely