Rire de tout
Par Robert Namer, Ancien Professeur chargé de cours, à L'institut d'Études Supérieures de la Guyane -Université des Antilles et de la Guyane, Cayenne, Guyane française
| Mardi 9 Mars 2004
Ce texte est un point de vue extérieur à l'Observatoire du communautarisme. Il est publié dans la rubrique "Contradictions" qui est ouverte aux tribunes libres et aux critiques du travail et de la production de l'Observatoire.
Ce texte est une réponse à l'article de François Devoucoux du Buysson et Julien Landfried : "On doit pouvoir rire de tout", 22 février 2004.
-------------
Dans le débat concernant le "comique" Dieudonné, on ne peut que regretter qu'un parallèle soit fait avec Coluche et Desproges.
Il y a en effet une énorme différence entre les sorties de Dieudonné et celles de ses illustres aînés.
C'est que les deux chers disparus étaient insoupçonnables de malveillance à connotation raciste ou antisémite. Bien au contraire, ils ont réussi à déclencher l'hilarité de salles entières composées en grande partie de juifs et de maghrébins. En fait ils se rattachaient à une longue tradition de comique d'autodérision illustré en France par Popeck et Smaïn et outre Atlantique par Mel Brooks ou Woody Allen.
Dans le cas de Dieudonné, ce qui est inacceptable, c'est la répétition de dérapages dénués de bienveillance dont on sait qu'ils ont même provoqué l'étonnement de son ex-partenaire Elie Semoun...
Il n'y a pas dans le dernier "sketch" de Dieudonné dans l'émission "On ne peut pas plaire à tout le monde", la moindre distanciation avec un sujet délicat dont on devrait pouvoir rire mais dont on ne devrait pas avoir à pleurer.
Certes la limite est parfois ténue comme le prouve la malheureuse affaire de Patrick Timsit obligé de faire acte de contrition à l'égard de familles de mongoliens. Quel préjudice, Timsit avait-il causé ? Probablement aucun, sauf peut-être le malaise de