Role de l'ecole
Aussi longtemps que le jeune est soumis à formation, il est tenu, il ne peut qu'être tenu à l'écart de la vie extérieure, dans une sorte de vase clos.
L'apprentissage le plus simple et le plus matériel ne se fait ni en vraie grandeur ni en conditions réelles, mais sur maquette, sur appareil d'entraînement, sous contrôle étroit d'un moniteur, et presque toujours, d'abord, par explication verbale et par mimique d'essai ; par coups pour rien, ce qui dit tout. A plus forte raison quand il s'agit d'une formation approfondie et délicate, et davantage encore lorsque c'est l'être tout entier qui est invité à se former. Ainsi l'école est, par nature, en dehors de la vie; elle est un nid. Matériellement, elle se retranche du bruit, des passions, des intrusions extérieures de tout ordre : éducation veut dire silence et paix. Aucun enseignement sérieux ne peut se donner en plein vent. Et quant à ce qui est enseigné, si concret que cela semble, si pratique même, c'est nécessairement étranger à la vie et décalé vers l'abstraction. Apprentis ouvriers, apprentis artistes, apprentis députés, tous doivent d'abord faire leurs gammes. Cela est parfaitement évident et parfaitement assuré, dès qu'on veut bien y réfléchir. En d'autres termes, l'école certes doit ouvrir sur la vie ; mais l'ouvrir à la vie est une ineptie destructrice.
Or depuis des années, on nous serine la même chansonnette : « Il faut ouvrir l'école à la vie. » Non, il ne faut pas l'ouvrir; il faut la préserver au contraire. Tout ce qu'on fait de bon à l'école se fait en marge de la vie, à