Romain gary, "chien blanc"
Ce récit plein d’humour, de cynisme, de désespoir et d’espérance, garde toujours une « distance » face aux événements et constitue en fait une fresque historique qui met en lumière toute une thématique subtile. J’y vois pour ma part trois axes thématiques majeurs qui, tout en s’imbriquant les uns dans les autres, peuvent servir de fil conducteur à l’ouvrage de Gary : l’amour des animaux, le racisme et la bêtise humaine.
L’amour des bêtes constitue l’élément déclencheur du roman, puisque c’est l’irruption de Bakta, un berger allemand dressé pour attaquer les Noirs, qui constitue le nœud symbolique de la problématique : Gary, très attaché aux animaux (il possède déjà une ménagerie chez lui avant l’arrivée de Batka : Bruno le chat birman , Mai la chatte siamoise, Bippo la chatte de gouttière, , Billy-Billy le toucan, Pete le python, Sandy le chien grison, pp.9-11), refuse par idéalisme de le faire piquer et le confie à Keys, un spécialiste du dressage, espérant parvenir à le libérer de ses réflexes conditionnés contre les Noirs. On sent que Gary voue aux animaux une tendresse infinie: « De temps en temps , j’allais rendre visite à mon python. Je m’installais, les jambes croisées, et nous nous regardions longuement et avec un étonnement, une stupéfaction sans