Romanisation dans l'est de la gaule
La société gauloise était elle-même en pleine mutation lorsque César y fit irruption. Les transformations qui l’avaient affectée depuis un bon siècle étaient au moins aussi importantes et fondamentales que celles qu’elle allait subir sous l’administration impériale. Les negotiatores étaient nombreux en Gaule au moment de la conquête, signe indubitable de l’insertion du pays dans les réseaux commerciaux du monde méditerranéen. Les alliances déjà anciennes de la
République avec les Héduens et les Séquanes témoignaient d’une pénétration politique romaine bien antérieure à la conquête.
Peut-on sérieusement dire à quel moment la Gaule doit être considérée comme “romaine”, et quels critères peut-on retenir pour évaluer ce passage ? Les conditions intellectuelles d’une telle approche sont difficiles car les perspectives des protohistoriens et des historiens classiques sont différentes : pour les premiers, la fin de l’âge du Fer constitue le terme d’une évolution longue, que l’on observe essentiellement à travers la culture matérielle. Les historiens classiques partent en revanche de prémisses différentes. Ils se fondent presque toujours sur l’existence implicite d’un
“modèle” latin, dont on peut tout simplement se demander s’il a jamais existé vraiment. À la veille de la conquête de la Gaule, l’Italie républicaine demeurait en effet fort inégale.
Il nous a donc paru plus intéressant de suivre de l’intérieur l’évolution des sociétés protohistoriques depuis une époque bien antérieure à la conquête et de dépasser largement celle-ci ; montrer tout ce que les recherches archéologiques apportent d’informations nouvelles et dépasser les coupures académiques traditionnelles