Romans de la forêt
Il y a quelques années, découvrant le roman de Rivera dans le cadre d'un concours, j'ai été surprise de constater qu'aucun des critiques de l' oeuvre ne se référait aux travaux de Gilbert Durand sur les mythes et les archétypes. Les études de Seymour
Menton 1ou de Leonidas Morales 2 s'intéressent à la présence de mythes européens dans le récit, les travaux de William Bull3ou de Angel Valente4 s'attachent aux symboles anthropomorphiques, Margarita Mateo5 met l'accent sur ce qu'elle appelle « le mythe américain » dans le roman ; Montserrat Ordónez6, dans la lignée des Gender Stories, propose une lecture passionnante de la représentation de la nature et de la féminité. Mais les catégories élaborées par l'anthropologue dans Les structures anthropologiques de l'imaginaire puis Introduction à la mythodologie n'ont pas encore inspiré une approche mythodologique de ce récit.
Cependant les termes de « mythe » ou de « symboles »reviennent régulièrement à propos de cet ouvrage, avec des sens toujours différents et rarement explicités. Mythification et mystification semblent parfois se rejoindre. Dans d'autres cas, mythe et Histoire se font face comme s'ils ne partageaient pas leur statut de récit ; témoignage réaliste et écriture moderniste s'opposent d'autres fois dans un affrontement très stéréotypé.
Si nous faisons nôtre la définition proposée par Gilbert Durand le texte littéraire est un mythe. Ce terme conviendrait à tous les textes qui « sont hantés par les styles de l'histoire et les structures dramatiques . Et « le terme mythe recouvre pour nous aussi bien le mythe proprement dit, c'est à dire le récit légitimant telle ou telle foi religieuse ou
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