Entre la Renaissance et le Baroque, Pierre de Ronsard travaillait sous le règne de Charles IX. Sa rencontre avec Joachim du Bellay fut à l’origine de la formation de la pléiade, groupe de 7 poètes, voulant enrichir la langue française à partir des contenus antiques et des formes européennes tel que le sonnet. Entre 1552 et 1553, Ronsard écrivit Les Amours, recueil de sonnets amoureux, adressé à une femme nommé Cassandre. Le sonnet « Douce beauté, meurtrière de ma vie » est un sonnet en décasyllabe d’inspiration pétrarquiste du fait de sa rhétorique amoureuse, des figures de style et de la mise en scène du « je ». Le poète s’adresse à la jeune femme et se réfère à la fois au carpe diem, invitation à profiter du moment présent, et au memento mori qui signifie « souviens-toi que tu vas mourir ». Il reproche à Cassandre son indifférence presque méprisante. + LECTURE DU POEME + PLAN

Pierre de RONSARD, Les Amours, CXXXV, 1552-1553
« Douce beauté, meurtrière de ma vie… »

Douce beauté, meurtrière de ma vie,
En lieu d’un cœur tu portes un rocher.
Tu me fais vif languir et dessécher,
Passionné d’une amoureuse envie.

Le jeune sang qui d’aimer te convie,
N’a plus de toi la froideur arracher,
Farouche, fière, et qui n’as rien plus cher
Que languir froide, et n’être point servie.

Apprends à vivre, ô fière en cruauté.
Ne garde point à Pluton ta beauté,
Quelque peu d’aise en aimant il faut prendre.

Il faut tromper doucement le trépas ;
Car aussi bien sous la terre là-bas
Sans rien sentir, le corps n’est plus que