COMENTAIRE DE TEXTE

PIERRE RONSARD, AMOURS POUR HÉLÈNE
LITTÉRATURE DU XVIe SIÈCLE

Pierre Ronsard, Amours pour Hélène. XI. Le Soleil l’autre jour se mit entre nous deux

Le Soleil l’autre jour se mit entre nous deux,
Ardent de regarder tes yeux par la verrière;
Mais lui, comme ébloui de ta vive lumière,
Ne pouvant la souffrir, s’en alla tout honteux.
Je te regardai ferme, et devins glorieux
D’avoir vaincu ce Dieu qui se tournait arrière,
Quand regardant vers moi tu me dis, ma guerrière :
« Ce Soleil est fâcheux, je t’aime beaucoup mieux. »
Une joie en mon cœur incroyable s’envole
Pour ma victoire acquise, et pour telle parole ;
Mais longuement cette aise en moi ne trouva lieu.
Arrivant un mortel de plus fraîche jeunesse,
Sans égard que j’avais triomphé d’un grand Dieu,
Tu me laissas tout seul pour lui faire caresse.

Le texte dont on traite est un sonnet de Ronsard qui fait partie de sa troisième édition des Amours, publiés en 1578 et dédiés à Hélène de Surgères, avec qu’il a eu une aventure entre 1568 et 1577. L’amour qui traite dans ces recueils est un amour pathétique et dramatique à cause de la vieillesse de l’auteur. Le traitement de l’amour et de la dame est très différent de ceux qu’on trouve dans les deux recueils précédents.
Pierre Ronsard naît à Possonnière, dans une famille aristocratique, en 1524. Après avoir reçu une excellente éducation, il est devenu sourd à cause d’une maladie à un très jeune âge. C’est pour cela qu’il a du choisir la vie religieuse au lieu de celle militaire. Après avoir connu Cassandre Salvati, la femme italienne qui représente la beauté et à laquelle l’auteur composera son premier recueil de sonnets amoureux, sa mentalité change. Il tente de devenir poète officiel, il veut atteindre la gloire, et obtenir la reconnaissance de ses contemporains. Ce poète se caractérise par la diversité poétique de son œuvre, conséquence de la conception de variété propre du XVIe siècle. Il a reçu aussi le titre Prince des poètes.