Ronsard prière paienne
Après avoir analysé le contraste entre la religion et la passion puis celui entre la vie et la mort nous observerons en quoi ce poème est représentatif du mouvement du lyrisme.
Dans sa première partie, ce poème sonne comme une prière profane, impie et païenne car il exalte les plaisirs charnels plutôt que spirituels ou religieux. Ronsard s’adresse à sa maîtresse, il la supplie de l’écouter, l’exhorte à se laisser aller pour se donner à lui sans retenue, comme un croyant se dévouerait à Dieu. Deux thèmes, le « temple » et le « lit », s’opposent alors. Si Ronsard reconnaît que le « temple », autrement dit l’église, est le lieu où l’on doit prier Dieu, il rappelle que le « lit » est l’endroit où il convient de vénérer les plaisirs de l’amour et d’y pratiquer « folâtrent dans les draps cent mignardises ». Le champ lexical de l’amour physique est très présent et hautement suggestif : « entrelacés, nous ferons les lascifs », « baiser ta bouche aimée ». Des figures de style telles que l’accumulation et la graduation : « ou mordre tes beaux cheveux, ou baiser ta bouche aimée, ou toucher ton beau sein » renforcent la force de l’invitation au plaisir charnel. Le thème de la religion est, pour sa part, accentué par les mots : « dévots », « nonnain » et « cloître enfermé ». En opposant ainsi la religion et la jouissance physique, Ronsard cherche à vaincre la retenue religieuse de sa maîtresse en insinuant qu’il sera toujours temps de se consacrer à la dévotion quand