a notion de "pacte autobiographique" a été popularisée par Philippe Lejeune. L'expression désigne l'enjeu de toute écriture de soi : la fusion, dans cette entreprise rétrospective, de l'auteur et du narrateur engagerait celui qui s'y livre à la plus objective sincérité. On ne sera pas sans remarquer combien tous ces termes jurent : comment raconter l'être que je fus sans le faire avec le regard de l'être que je suis ? comment observer une sincérité absolue quand, en moi, s'obstine à agir l'autre qui lira et qui, d'une manière ou d'une autre, constitue mon écriture, pénitente ou provocante ? Notre propos est d'observer ces pièges de l'autobiographie à travers les quatre premiers livres des Confessions de Jean-Jacques Rousseau. Nous ne voulons pas ajouter une notice bien inutile aux nombreuses pages que des sites pédagogiques ont consacrées à cette œuvre au moment où elle fut au programme du bac. Nous souhaitons plutôt nous inscrire, à travers Rousseau, dans l'étude du genre autobiographique, que les instructions officielles prescrivent pour les sections littéraires, en souhaitant que les pistes que nous suggérons soient fructueuses pour d'autres œuvres et d'autres sections.
GENRE, ENJEUX, PROPOS
L'autobiographie évoque les aléas d'une existence privée, dont elle fait la somme pour en dégager un portrait de soi. On comprend donc que le texte autobiographique se partage sans cesse entre récit et discours :
L'autobiographie : un "récit de vie" un autoportrait Intention de l'auteur : se raconter s'analyser Temps verbaux : temps du récit temps du discours Organisation : rigoureuse (chronologie) par thèmes Signification du "je" : le personnage d'autrefois l'auteur-narrateur Perspective dominante : le monde, les événements le moi Registres dominants : épique, pathétique, comique lyrique, didactique, ironique