Rousseau contre voltaire
Venu tard à la littérature, Rousseau y fait une entrée fracassante en répondant en 1750 à la question posée par l'Académie de Dijon : "si le rétablissement des Sciences et des Arts a contribué à épurer les mœurs". Les Confessions nous racontent comment la lecture du sujet le mit dans "une agitation qui tenait du délire" : il lut peu après à Diderot la prosopopée de Fabricius, composée aussitôt "sous un chêne". Rousseau renouait en fait avec les tenants de la frugalité et de l'austérité des mœurs que Fénelon et Montesquieu avaient déjà défendues. Il ne pouvait rencontrer en Voltaire qu'un adversaire résolu, celui-ci ayant souvent applaudi déjà au progrès des Lumières et de la civilisation.
COMPARAISON DE DEUX STRATÉGIES ARGUMENTATIVES : LE MONDAIN (1736)
DISCOURS SUR LES SCIENCES ET LES ARTS (1750)
Regrettera qui veut le bon vieux temps,
Et l'âge d'or, et le règne d'Astrée,
Et les beaux jours de Saturne et de Rhée,
Et le jardin de nos premiers parents;
Moi je rends grâce à la nature sage
Qui, pour mon bien, m'a fait naître en cet âge
Tant décrié par nos tristes frondeurs :
Ce temps profane est tout fait pour mes mœurs.
J'aime le luxe, et même la