Ruy blas acte v, scène 4
I. Un dénouement romantique en rupture avec la tradition classique
1) Refus de la règle de bienséance
Victor Hugo ne respecte pas les règles de la bienséance en montrant au spectateur l'agonie de Ruy Blas sur scène et une scène d'amour très démonstrative.
C'est un dénouement spectaculaire :
– La lente agonie de Ruy Blas est dramatisée (v36 à la fin) : longueur décroissante des répliques.
– L'amour entre les 2 personnages se ressent plus dans la gestuelle que dans les paroles (cf. les didascalies « l'entourant de ses bras », « tenant la reine embrassée », « la reine le soutient dans ses bras », « se jetant sur son corps » => présence charnelle des corps inconcevable dans la dignité froide des personnages de la tragédie classique.
– Le mouvement de cette scène s'oppose au statisme classique (nombreux verbes de mouvement dans les didascalies).
2) Mélange des genres et des registres
Ce mélange est contraire à la séparation des genres prônée par le théâtre classique.
* Une scène tragique :
– Mort de Ruy Blas
– Fatalité : le destin inévitable de Ruy Blas est la mort « J'aurais agi de même ».
– L'amour impossible et detructeur (« cet amour m'a perdu », différence de statut social « Que ce pauvre laquais bénisse cette reine »).
* Certains éléments relèvent du mélodrame (drame populaire caractérisé par le pathétique, le sentimentalisme et des situations invraisemblables) : la fiole de poison posée sur la table, déclamation désespérée de Ruy Blas « Triste flamme / Éteins-toi ! ».
* Une scène lyrique :
- Champ lexical des sentiments, notamment celui de l'amour et champ lexical de la souffrance
- Ponctuation expressive : exclamatives nombreuses, fausses interrogatives à valeur exclamative notamment dans les répliques de la reine : « Qu'avez-vous fait ? »
- Invocation à Dieu « ô mon Dieu ! »
- « vivant par son amour, mourant par sa pitié » : parallélisme de construction / effet proche du chiasme
* Présence également