RUY BLAS
Dans cette scène, il y a clairement un renversement de rapport et de force entre maître et valet. Le valet est ici Ruy Blas, un homme du peuple devenu un noble grâce à son maître, qui se sert de lui dans une conspiration contre la reine d'Espagne. Le maître est Don Salluste. La première chose montrant la prise de pouvoir de Ruy Blas est sa longue tirade (v.5-32). La parole est symbole de supériorité sur scène. D'ailleurs, à l'inverse, Don Salluste qui, lui, est censé être supérieur dans sa position de maître à Ruy Blas, ne s'exprime que par de courtes répliques et des stichomythies telles que : « C'est un assassinat ! » (v.37) ; ou « Rien ! Pas d'armes ! » (v.38). Il perd son sens de la parole, semble désœuvré, comme le montre la didascalie « jetant un regard plein de rage autour de lui. » (v.38). Cela fait opposition à Ruy Blas qui, lui, s'exprime en alexandrin et en faisant des phrases : « J'ai poussé le verrou depuis longtemps déjà. » (v.6) ; « Vous contiez vos griefs dans ces derniers moments. » (v.19). Ruy Blas mène le dialogue et monopolise la parole. On peut ensuite remarquer une ambiguïté dans la parole de Ruy Blas s'adressant à son maître. Par moment, il le vouvoie : « N'allez point par là » (v.5) ; « vous contiez » (v.19) ; « vous vous figurez » (v.25). Il l'apostrophe par les mots « Marquis » (v.7) et « Monseigneur » (v.44). Mais on remarque également une très forte présence du tutoiement. « Tu railles ! » (v.39) ; « crois-tu? » (v.37) ; « Satan te protégea » (v.7) ; « tes gens » (v.10) ; « de tes gens à toi » (v.41). Ce tutoiement fais perdre à Don Salluste l'aura de supériorité qu'il a sur Ruy Blas. De plus, en mêlant le tutoiement et des apostrophes telles que « monseigneur » ou « marquis », le valet dénigre son statut de maître : il montre sa supériorité. En effet, on peut voir que Don Salluste est censé être son maître, mais que malgré cela, Ruy Blas lui est supérieur. Enfin, la