Rédaction de "la mésange".
« Ma commère[1], soyez la bienvenue. Descendez donc m'embrasser !
– Renart, dit-elle, taisez-vous. Vous seriez réellement mon compère si vous n'étiez une telle canaille. Mais vous avez dupé tant d'oiseaux, tant de biches, qu'on ne sait plus à quoi s'en tenir avec vous. Où croyez-vous que cela vous conduise ? Les diables vous ont tant corrompu qu'il est devenu impossible de vous croire.
– Dame, répond le goupil, aussi vrai que votre fils est réellement mon filleul par un authentique baptême, jamais je ne vous ai donné aucune raison de vous plaindre de moi. Et savez-vous pourquoi ? Il est juste que nous vous le disions. Messire Noble, le lion, a maintenant proclamé partout la paix et, s'il plaît à Dieu, ce sera pour longtemps. Il l'a fait jurer à travers son royaume et il a fait promettre à ses vassaux de la respecter et de la maintenir. Les petites gens s'en réjouissent car voici venu le moment où, en de nombreux pays, s'apaiseront les querelles, les conflits et les guerres meurtrières. Et les bêtes, petites ou grandes, Dieu soit loué ! seront bien tranquilles. »
La mésange répond alors :
« Renart, vous êtes en train de me tromper. Mais, s'il vous plaît, cherchez quelqu'un d'autre car moi, vous ne m'embrasserez pas d'aujourd'hui. Vous aurez beau parler, je ne vous accorderai pas ce baiser. »
Renart, voyant que la commère refuse de croire son compère, reprend :
« Dame, écoutez-moi, de grâce ! Si je vous fais peur, je vous donnerai un baiser les yeux fermés.
– Par ma foi, dit-elle, j'y consens. Fermez donc les yeux ! »
L'autre s'exécute. La mésange prend une grosse poignée de mousse et de feuilles. Comme elle n'a aucune envie de l'embrasser, elle lui en frotte la moustache et, au moment où Renart s'imagine l'attraper, ses dents ne prennent qu'une feuille accrochée à la moustache. La mésange lui crie :
« Eh ! Renart, la belle paix que