Rédaction
Je l’avais rencontrée il y a dix ans, dans la rue - au sens large du terme. Les gens se retournaient sur son passage. Pas de cette façon dégoutée dont on regarde les mendiants, plutôt comme on aurait accueillit Lady Di. Elle était belle. Ses cheveux noirs retombaient en cascade sur sa peau d’albâtre. Ses yeux étaient d’un violet surprenant et sa bouche fine semblait sourire toujours. Elle était petite, menue et d’un optimisme joyeux qui paraissait incongru au regard de sa situation. Elle m’avait abordée naturellement, comme on aurait accueillit une vieille connaissance qu’on n’a pas revu depuis longtemps. Nous avons bavardé pendant des heures. J’étais étonnée de la richesse de sa conversation – elle devait avoir 12 ans et moi 16 – et me demandais où elle avait pu développer son savoir de cette manière. Par la suite, je l’avais ramenée chez moi, et nous ne nous étions plus quittées. Elle m’avait consolée au moment où personne ne pouvait le faire – par ma faute, ou du moyen je le croyais à l’époque, une amie avait disparue, une amie très proche-, elle avait supporté mes pleurs sans rien dire, me caressant patiemment les cheveux de sa main légère, me murmurant de sa voix musicale des paroles rassurantes au creux de l’oreille. J’avais abîmé nombre de ses vêtements en y pleurant mes larmes salées quand elle me prenait dans ses bras et me cajolais, attendant que mon chagrin s’épuise. Souvent, je m’endormais, la tête callée dans le creux de son cou. Elle avait été mon soleil, ma vie pendant nombre d’années, et je désespérais de ne pouvoir lui rendre service comme elle m’avait aidée, en recomposant mon corps et mon âme qui