L’évolution des sciences et techniques médicales depuis une trentaine d’années entraîne des progrès et des performances tels que les bénéfices pour la vie et la santé des populations apparaissent attendus. Toutefois ce gain n’est pas sans être accompagné d’inconvénients pour lesquels justement nous mettons en batterie toutes formes d’avancées scientifiques et de réglementations. Sous formes de lois ou de procédures médicales et soignantes elles ont pour objet non plus de prévenir, diagnostiquer ou traiter tels maladie ou risque qui s’avèreraient inauguraux mais de dépister et réparer une défaillance qui pourrait être liée à une action ou à l’inverse en l’absence d’action ou de questionnement. Le risque n’est pas mince. Alors que l’on pense pouvoir se sentir à l’abri, sans même y penser parfois, la question consécutive à l’incertitude médicale nous renvoie professionnels du monde médical, législateurs, citoyens et bénéficiaires potentiels à un incontournable dialogue. La pratique médicale comme ensemble de connaissances acquises par l’expérience bute parfois par manque, justement d’expérience. L’avancée scientifique médicale est parfois si rapide que l’expérience n’a pas le temps d’être intégrée aux pratiques. En ce sens c’est d’une pratique amputée, paradoxalement, d’expérience, dont il s’agit. La pratique médicale et le soin qui en découle envisage aussi la question du comportement et la façon d’agir. Laissons de côté la question de la technique et de sa mise en œuvre qui n’en est pas moins constitutive mais qui nous n’intéresse pas dans l’exploration de l’incertitude médicale telle que je l’ai mise en évidence précédemment. La grande force scientifique a son talon d’Achille. En effet, ce n’est pas du côté technique ni même du côté procédural que le bât blesse. La médecine n’a jamais été aussi forte de ce point de vue. C’est peut être du côté de sa partie immergée qu’il faut explorer et mettre en évidence la faiblesse et le nécessaire remède. Face aux