Réponse à un corpus
Cependant, leurs rapports avec les autres hommes sont bien différents. Le pauvre de Victor Hugo est accueilli chaleureusement chez le poète, qui parle avec lui, lui offre "une jatte de lait". L'aveugle de Picasso, lui, semble seul sur un trottoir. Il occupe toute la surface du tableau. Dan la nouvelle de Maupassant, Cloche est dans un paysage hostile, qui n'a rien à lui offrir (les branches sont "nues"), et il ne fait que des rencontres brutales : "on le rudoya", "on le chassa de partout".
Les registres sont donc nettement différents. Maupassant souligne la souffrance pathétique du gueux, avec des termes forts : "détresse", "exténué", "insondable misère". L'absence totale de compassion rend le destin de Cloche tragique : ni la terre ni les hommes ne lui offrent la moindre issue pour échapper à la mort.
Le musicien de Picasso suscite lui aussi la compassion : la tonalité gris-bleu du tableau est triste et froide, la position affaissée de la tête traduit l'accablement. Mais la guitare offre une lueur d'espoir ; elle est un moyen d'exprimer la misère, de l'adoucir en créant de la beauté.
La scène évoquée par Hugo invite à la sérénité et à l'effusion religieuse. Le mendiant prend une dimension symbolique que souligne la mise en rejet du vers 12. "Le pauvre", "plein de prières", offre au