Rôle du président dans la vème république
INTRODUCTION
Le président de la République est la première institution explicitée par la Constitution de 1958, preuve du désir des constituants de l'époque, notamment Michel Debré, de faire du président la "clef de voûte" de la Vème République. Plus qu'un renforcement du pouvoir exécutif vis-à-vis du législatif, c'est un renforcement du pouvoir présidentiel auquel on assiste, à tel point que l'on désigne notre régime actuel de "régime semi-présidentiel". Si l'article 5 de notre constitution confère au président un rôle d'arbitre, c'est-à-dire une personne qui veille au respect des règles et qui est garante des institutions, il n'en reste pas moins qu'une constitution est tout aussi bien une pratique du texte.
C'est d'ailleurs ce que nous démontre les cinq déclarations de cinq chefs d'Etat différents sous la Vème République ; à commencer par le discours du général De Gaulle le 31 janvier 1954 qui met en relief le caractère équivoque des articles concernant le président et par conséquent leur mise en pratique. Nous avons ensuite les discours de Georges Pompidou et de Valéry Giscard d'Estaing, qui dans la lignée gaulliste, affirme le rôle de gouvernant du président de la République. Enfin, les déclarations de Mitterrand et de l'actuel président François Hollande, hommes de gauche, remettent en cause ce rôle de gouvernant instauré par la pratique en rappelant l'acception des articles de la constitution.
Nous pouvons ainsi nous demander comment la pratique de la Constitution de 1958 fait-elle passer le président de la République du rôle d'arbitre au rôle de gouvernant ?
Notre analyse va nous permettre de montrer l'ambivalence de la fonction présidentielle. A l'origine, la Constitution de la Vème République instaure un président-arbitre (I) en lui attribuant des pouvoirs propres (A), bien que leur pratique efface peu à peu la magistrature d'influence au profit d'un rôle d'arbitre plus actif (B).