Séquence roman policier
Impossible d’aller se réchauffer dans le métro, il aurait fallu abandonner le chariot en surface. C’est comme ça, quand on a un animal, cela demande des sacrifices. Jamais il n’aurait laissé Martin seul dehors. […]
Quand il avait découvert cette mine d’éponges à l’abandon dans un hangar de
Charenton, il s’était cru sauvé. […] Mais ses éponges, tout le monde s’en foutait, à part cinq personnes par jour. Ça ne fait pas beaucoup, cinq personnes, merde, sur deux millions de Parisiens.
Serré dans son duvet, couché en chien de fusil, l’homme calculait le pourcentage …afficher plus de contenu…
Le conducteur descendit, la femme se retourna. Le vendeur d’éponges fronça les sourcils, en alerte. […] Il y eut trois coups de feu et la femme s’écroula à terre. Le tueur se rencogna dans la voiture, embraya et disparut.
Le vendeur d’éponges s’était écrasé aussi plat que possible sur la bouche de métro. Un vieux tas de fringues abandonnées dans le froid, c’était tout ce que l’assassin avait vu de lui, s’il l’avait seulement vu. Et pour une fois, cette atroce transparence qui échoit aux sans-grade lui avait sauvé la peau.
FRED VARGAS , « Cinq francs pièce », Coule la Seine , © Éditions Viviane Hamy,
2002. Extrait de texte : livre