Saint-John Perse, Vents, 6
Saint-John Perse, Vents, 6
Ce qui rend le poème de Saint-John Perse hermétique réside tout d’abord dans la difficulté de l’appréhension du texte par le choix de lexies peu communes et par le jeu du poète fait sur la sémantique des mots comme par exemple « dièdre » (v.14) qui signifie entre autre soit en géométrie, une figure formée par deux demi-plans limités par une même droite, soit un phénomène en montagne, caractérisé par deux pans de rocher ou de massif, approximativement plans, qui forment un angle rentrant, à la façon d'un livre ouvert. Ce nom commun peut cependant appartenir à d’autres domaines tels que l’optique ou l’aviation. De plus, le poète emploie des images renvoyant à des contes comme le « Soleil d’en bas » (v.20) qui fait allusion au conte africain « Le Guéla d’en haut et le Guéla d’en bas », conte sur la création du monde. Néanmoins, l’hermétisme est aussi une philosophie, un ésotérisme, en quête du salut de l’esprit mais supposant la connaissance analogique du cosmos. C’est pourquoi le lecteur relève un champ lexical de la Nature, de l’univers dans ce poème : « les vents » (v.1), « crêtes » (v.1), « soir » (v.2), « radiolaire » (v.4), ou encore « Soleil » (v.20). Ainsi, l’hermétisme se fait une doctrine occulte de l’alchimie. En effet, on retrouve dans cet extrait des allusions à l’alchimie, qui est la recherche de l’unité perdue et qui à base de mercure et de souffre tente d’obtenir de l’or. En effet, on retrouve les couleurs des phases de l’alchimie : le noir de la « nuit » (v.32) qui représente la première étape du putrefactio, la couleur blanche de la seconde œuvre, avec par exemple « blanches » (v.34) qui représente les premières lueurs du jour puis le rouge « terres rouges » (v.36) de la troisième phase, qui indique la présence proche du soleil pour enfin arriver à l’arrivée du soleil avec la couleur or, « d’ors et de feux » (v.2) qui accompagne la formation d’or avec par exemple « Soleil »