Sartre: etre et neant
On peut penser ici au mouvement Précieux qui a poussé le plus loin cette idée de « règle du jeu » amoureux.
Le jeu est aussi une activité qui procure du plaisir, et le plaisir du jeu est d’autant plus fort que l’on se « prend au jeu ». Se prendre au jeu, c’est oublier la frontière entre le réel et l’irréel. C’est la puissance de l’imagination créatrice.
Exemple : l’enfant qui joue à « Loup y es-tu ? ». Le danger est imaginaire, mais le frisson est bien réel, et c’est ce qui fait l’intérêt du jeu.
Synthèse sur l'analyse de Sartre
L’amour machinal que Sartre dénonce et récuse ici n’est pas l’amour-habitude, mais l’amour-passion qui serait assimilable à un pur désordre hormonal incontrôlable. Ce serait la passion telle que la décrit Goethe dans sa théorie des « affinités électives », attirance irrépressible comparable aux réactions chimiques. (Goethe, Les Affinités électives, Les Souffrances du jeune Werther)
L’engagement volontaire est l’expression suprême de la liberté : une volonté qui se détermine elle-même non pas seulement à faire un choix particulier, mais dans l’orientation de ses choix futurs. (= Autonomie)
L’engagement limite les choix futurs. On pourrait croire alors qu’il limite la liberté. Mais l’engagement est lui-même un libre choix et si je ne choisis pas mes orientations, quelqu’un les choisira pour moi. Ne pas s’engager, c’est accepter d’être mineur au sens de Kant, c'est-à-dire renoncer à prendre ses responsabilités en laissant à autrui la tâche de penser et choisir à sa place. (Kant, Réponse à la question: "Qu'est-ce que les Lumières"?)
Cependant, l’amour, en tant que désir passionnel, est incompatible avec cette idée de choix raisonné. Aimer par obligation, ce n’est pas plus aimer qu’aimer par nécessité. D’où le refus de l’un comme de l’autre.
L’amant refuse donc à la fois le déterminisme et la liberté.
Mais il veut aussi l’un et l’autre. Or, ils sont